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mercredi 5 décembre 2012 à 20h30

Conférence débat : "Les Stéréotypes du Méridional"

par Philippe Martel, historien à l'Université Paul Valéry à Montpellier

le Mercedi 5 décembre à 20h30

Salle du Capitole, place de la mairie à Alès

organisé par Les Amis du Monde Diplomatique

A en croire un certain discours « républicain », la République est une et indivisible et, à partir de la Révolution, elle va se construire sur un principe : elle est constituée d'individus libres, égaux, et indépendants les uns des autres. Cet idéal ne correspond pas à la réalité d'un pays oùd'une part les différences de classe limitent sérieusement « l'égalité » et où d'autre part les "patoisants", ceux qui parlent des langues différentes, sont plus nombreux que ceux dont le français est la langue maternelle. Il faudra plus d'un siècle pour que la République vienne à bout de cette diversité linguistique et culturelle. Ce processus complexe d'unification forcée a revêtu bien des aspects dans lesquels l'école a joué un grand rôle. La littérature, la presse, les discours politiques ou savants, les manuels à l'usage des enfants des écoles ont usé de stéréotypes pour désigner et parfois stigmatiser certains secteurs particuliers de la communauté nationale. Faute d'avoir pu se faire reconnaître comme Occitans, les habitants du sud de la France ont été identifiés comme des "Méridionaux" dotés de quelques caractéristiques, parfois anodines( l'accent qui chante, la galéjade, la sieste, le pastis,) parfois plutôt négatives : l'homme du midi indolent voire fainéant, proche des Grecs, des Italiens, incapable de constance, indiscipliné et d'ailleurs piètre soldat qu'on accuse un temps d'être responsable de la défaite en août 1914 sur le front de Lorraine (le 15ème corps composé de Provençaux aurait « failli »).

Cela n'est qu'un aspect, à première vue mineur, de ce que d'aucuns appellent " la question occitane" ou "le colonialisme intérieur", mais c'est un aspect méconnu par les uns et dénié par les autres. Cela signale aussi une contradiction grave du discours que le sens commun français, y compris républicain, tient sur « l'identité française ». Celaméritait que les Amis du Monde Diplomatique demandent à un spécialiste de la question de venir en parler.

Philippe Martel , historien professeur à l'Université Paul Valéry. a publié notamment-Les Cathares et l'histoire. Le drame cathare devant ses historiens (1820-1992), Toulouse, Privat, 2002

L'école française et l'occitan. Le sourd et le bègue, Montpellier, Presses universitaires de la Méditerranée, 2007.

Les Félibres et leur temps, renaissance d'oc et opinion, 1850-1914, Bordeaux, PUB, 2010

Il a également participé à des ouvrages collectifs parmi lesquels :
- Dix siècles d'usages et d'images de l'occitan, direction H. Boyer, Ph. Gardy, Paris,

l'Harmattan, 2001. -"Occitan, français et construction de l'Etat en France", in La politique de Babel, Colloque du CERI, dir. Denis Lacorne, Tony Judt, Paris, Karthala, 2002, pp. 87-116.

Il a écrit de nombreux articles parmi lesquels :

-"Révolutionnaire ou nationaliste ? La poésie occitane après 1968", Terrain n° 41, septembre 2003, pp. 91-102.
-"Le Félibrige : un incertain nationalisme linguistique", Mots ; n° 74, mars 2004, pp. 43-56 .
-"L'occitan aujourd'hui" in Les langues en danger, Mémoires de la Société de Linguistique de Paris, T. VIII, Leuven, Peeters, 2000, pp.183-194.